Connaissez-vous le caribou?

Si vous avez déjà participé à cette traditionnelle fête hivernale de Québec qu’est le Carnaval, vous avez dû sans doute déjà goûté à la version canadienne du vin chaud qu’on y sert. Sinon, c’est le temps d’essayer un p’tit caribou.

Choisissez la légende qui vous plaît

Les légendes entourant ce cocktail folklorique sont nombreuses. Entre autres, pendant longtemps on a raconté que les coureurs des bois buvaient autrefois du sang de caribou mélangé à de l’alcool fort et que la recette se serait modifiée au fil du temps pour en venir à un vin chaud. Mais cette histoire n’est qu’une légende.

Toutefois, on sait que les Innus se servaient réellement des estomacs de caribou comme gourde pour transporter des liquides. Peut-être qu’ils auraient pu y garder de l’alcool, qui aurait pu s’imprégner d’une saveur particulière et se mériter ainsi le même nom que l’ex-propriétaire de l’organe. Encore une fois, il aurait fallu que la recette se modifie beaucoup pour finir par ressembler à du vin chaud. De toute façon, cette théorie n’a jamais été confirmée.

Enfin une historienne a soulevé une excellente hypothèse selon laquelle le nom de caribou donné au vin chaud canadien proviendrait de l’anglais « caribbean booze ». Dès le XVIe siècle, pour préserver le vin lors de son transport par bateau, on y ajoutait de l’alcool fort. Et dans les Caraïbes ces recettes de vins fortifiés ont évoluées, intégrant des agrumes et des épices ramassés au cours des voyages. Puis les Canadiens auraient adopté cette « caribbean booze », en la rebaptisant avec un petit nom de chez nous.

Puis il y a eu Ti-Père

Plus tard, en 1958, Lionel Faucher, mieux connu maintenant sous le nom de Ti-Père, fait du caribou l’emblème du Carnaval de Québec. Au 579, rue Sainte-Thérèse, dans le quartier Saint-Sauveur de Québec, Ti-Père accueille dans son sous-sol les sculpteurs de glace et les bénévoles du Carnaval pour qu’ils puissent se réchauffer. Et, accueillant comme il l’était, il leur offrait aussi un petit vin chaud fortifié avec du brandy.

La même hospitalité était ainsi offerte à chaque année, ouvrant même la porte aux passants et aux touristes. Le sous-sol de Ti-Père est ensuite devenu La voûte à Ti-Père, et les visiteurs ont continué de se multiplier. Si bien qu’après quelques années, il fallait faire la file pendant une heure pour y entrer. Entre 1960 et 1990, c’était l’incontournable du Carnaval de Québec. René Lévesque, Pierre-Elliot Trudeau, La Poune, Michèle Richard et Ginette Reno sont tous passé boire un caribou chez Ti-Père.

La voûte à Ti-Père s’est éteinte avec lui en 1990.

On le boit où, notre caribou?

Cette année, chez nous. Mais en règle générale, on peut le boire au Bistro SAQ sur le site du Carnaval. Patrice Plante vous invite à découvrir sa recette de caribou faite de Jagermeister et de branches de romarin.

Sur la rue St-Louis, dans le Vieux Québec, le restaurant folklorique La Bûche, quant à lui, vous propose de goûter à son unique Kalibu, terme micmac qui désigne le renne sauvage.

Enfin, sur la Grande Allée, Le Grand Café vous accueille à son bar de glace pour vous servir la traditionnelle version du caribou embouteillé, que vous pourrez aussi retrouver à la SAQ si vous voulez en rapporter à la maison.

Vous ne pouvez pas aller à Québec?

La recette de caribou est très simple. À la base, ce n’est que du vin rouge auquel on ajoute de l’alcool fort. Mais chacun aime bien y mettre sa touche personnelle. Voici la nôtre :

Ingrédients

  • 6 onces de vin rouge
  • 1 ½ once de whiskey ou de brandy
  • 1 bâton de cannelle
  • 2-3 clous de girofle
  • 2 cuillères à soupe de sirop d’érable

Préparation

  • Faire chauffer tous les ingrédients à feu très doux.
  • Laisser infuser 15 minutes sans faire bouillir
  • Servir chaud, mais pas brûlant, dans des petits verres

Vous pouvez aussi faire macérer au frais pendant quelques jours et le boire froid.

Attention! Si vous buvez beaucoup de caribou dehors et que vous ne ressentez pas l’effet de l’alcool, méfiez-vous! Vous vous retrouverez peut-être à quatre pattes une fois à l’intérieur. Il vient peut-être de là, finalement, le nom de caribou!

Joyeux carnaval!

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